Détournement d'héritage : Quels sont les recours ?

Mise à jour du 19 mai 2017

Détournement de comptes bancaires ou de liquidités, utilisation abusive d’une procuration bancaire, assurance-vie sans aléa, rédaction ou modification du testament pour désigner un seul bénéficiaire au détriment des héritiers, mariage in extremis  

Le détournement ou la captation d’héritage qui consiste en l’utilisation de manœuvres frauduleuses pour abuser et tromper une personne afin de la convaincre de donner les biens de sa future succession, n’est pas expressément définie par le Code civil.

L’héritage peut être détourné par un opportuniste ou un arnaqueur professionnel qui s’est proclamé protecteur, ami, confident d’une personne très malade et/ou vulnérable ou encore par le fait d’un membre de la famille qui se veut très présent, d’un employé trop dévoué, d’un professionnel de santé trop avenant.

Plusieurs stratégies et ruses peuvent être utilisées par l’auteur de la captation pour s’emparer de l’héritage d’une personne.

La cible du détournement est souvent une personne qui se trouve en état de faiblesse ou de vulnérabilité, notamment du fait de la solitude, de sa dépendance ou de son état de santé. L’auteur de la captation va profiter de cette relation déséquilibrée pour isoler sa cible, asseoir son influence, exercer des pressions pour convaincre sa proie de lui remettre des biens et/ou des sommes d’argent qu’il n’aurait pas obtenu sans ruses ou manœuvres.

Donations, legs, libéralités et réserve héréditaire

Si en l’absence de testament c’est le régime légal prévu par le législateur qui permet de régler la succession. De son vivant, toute personne capable peut prendre les dispositions nécessaires pour assurer la transmission de son patrimoine à son décès.
Mais, il existe des limites à la liberté de transmission du patrimoine. En effet, la loi ménage un minimum de droits dans la succession pour les descendants : ils bénéficient d’une réserve héréditaire.
Les libéralités qui dépasseraient la quotité disponible (la partie du patrimoine non réservée sur lequel le défunt dispose d’une liberté totale) et empièteraient sur la réserve héréditaire pourront être diminuées ou voire même annulées en cas de détournement d’héritage.

Moyens, techniques, astuces et stratégies de détournement d’héritage

Plusieurs moyens et techniques plus ou moins élaborés sont utilisés par les auteurs de détournement d’héritage pour parvenir à leurs fins, mais les plus courants restent : les transferts de liquidités bancaires, les donations déguisées, le legs universel, l’assurance-vie :

  • Retraits ou virements bancaires importants/réguliers et injustifiés du compte bancaire d’une personne vulnérable
  • Obtention et utilisation frauduleuse de procurations bancaires
  • Souscription d’une assurance-vie engageant la majeure partie du patrimoine d’une personne atteinte d’une affection grave et/ou incurable
  • Rédaction ou modification d’un testament sous la pression de l’usurpateur
  • Mariage in extremis avec modification du testament sous l’influence de l’usurpateur
  • Désignation du médecin traitant ou chirurgien, prêtre, tuteur, ou d’un membre de leur famille comme légataire universel dans un testament
  • Donation déguisée (fausse vente, faux viager, fausse reconnaissance dette…)

Les recours et actions possibles :

Détournement d’héritage et abus de faiblesse et de vulnérabilité : le recours au juge pénal

Le fait d’abuser frauduleusement de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une déficience physique ou psychique apparente ou connue pour la conduire à un acte ou à une abstention qui lui est gravement préjudiciable est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende (article 223-15-2 du Code Pénal).

De même, le fait d’abuser d’une personne en état de faiblesse psychologique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement pour la conduire à un acte ou à une abstention qui lui est gravement préjudiciable est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende (article 223-15-2 du Code Pénal).

Détournement d’héritage : recours au juge civil

La plus grande difficulté de l’établissement du détournement de l’héritage réside dans la recherche, la collecte et l’utilisation des moyens de preuves qui permettront de démontrer au juge que le défunt a été abusé, manipulé, trompé, floué et qu’il n’aurait pas accepté d’agir comme il l’a fait sans les manœuvres ou pressions de l’usurpateur.

Dans certains cas, un vice du consentement du donateur peut être invoqué pour annuler les actes ayant permis la captation. En effet, il arrive souvent que l’auteur de la libéralité soit atteint d’une altération temporaire ou permanente de ses facultés mentales (sans bénéficier d’une mesure de protection, telle une tutelle ou une curatelle). Dans ces cas, il faudra démontrer qu’il ne pouvait pas consentir librement à l’acte ou aux actes ayant permis le détournement de son héritage.

Dans tous les cas, la victime et les héritiers spoliés et lésés peuvent saisir un Avocat compétent en droit des successions afin de solliciter, auprès du juge, les mesures d’instruction utiles pour recueillir les preuves nécessaires pour faire annuler le détournement d’héritage afin de reconstituer le patrimoine de la succession.

A voir également :
La spoliation d’héritage
Recel successoral : Sanction des héritiers receleurs
L’action en réduction de la donation partage
La réintégration de l’assurance-vie à la succession
Protéger et conserver les biens à l’ouverture de la succession : La mise sous scellés
Succession bloquée : Que faire pour sortir de l’indivision?
Cadeaux et dons manuels aux petits enfants: Les règles applicables
 Avocat Succession héritage
La succession légale ou la succession sans testament
Les donations
Le testament
L’assurance-vie
La protection du conjoint
La protection d’un parent malade ou handicapé
Calcul des droits de succession
Calcul des droits de donation